The Element Legacy [CHAP. 4]

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Carte du monde
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CHAPITRE IV : À contre-courant
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Lieu : Marécages du Rift, sud du pays de l’eau.

- T’es sûr qu’elle est apparue là ?

- Merde, oui, je suis pas con, je l’ai vue de mes propres yeux, cette créature abominable ! Elle m’a vu et elle est repartie à la course ! Putain, je suis absolument certain que c’est cette chose qui sème la pagaille dans le village.

- Voyons voir par là-bas.

Ils étaient environ cinq, armés de fourches et de faux, à parcourir le marais à la recherche de ladite créature. Alofa était tapie dans les hautes herbes et quenouilles bordant le chemin.

- Je savais que j’aurais dû être plus prudente. Maintenant, tout le village va me reconnaître.

En fait, Alofa était facilement reconnaissable avec son apparence peu commune. Elle avait l’apparence d’une chatte de couleur bleu clair, de grandes oreilles pointues, et des palmes entre les doigts, ce qui lui permettait de nager aisément dans l’eau. En tout cas, c’était normal que les gens aient peur de son apparence. Les gens du pays d’Adurnahme étaient plutôt superstitieux et beaucoup de contes et légendes associés à des monstres marins de tous genres étaient transmis de génération en génération.

Par exemple, on racontait qu’il y a longtemps, toute la côte sur laquelle était nichée autrefois la cité d’Adurnahme s’était détachée et avait sombré dans la mer. Pour la plupart des gens du pays, on croyait qu’un gigantesque serpent de mer de la taille d’une ville avait émergé de l’eau et s’était abattu sur la capitale, emportant toute la population et constructions. Un événement pour le moins mystérieux s’était également produit, cette fois-ci au nord de l’île d’Adurnahme. Un gigantesque trou, de la taille d’une ville également, était apparu. Apparemment, c’est ce qu’on disait. Personne n’osait s’aventurer dans le coin. Tous les voyageurs qui s’aventuraient non loin du Trou du Diable, comme on l’avait qualifié, ne revenaient jamais vivants. C’est donc dire qu’il n’existe pratiquement aucune personne qui ne sache à quoi ressemble réellement le Trou du Diable, car l’endroit était inaccessible même avec les parapentes du pays du vent. Enfin, ce n’est qu’une des nombreuses légendes véhiculées dans le pays aquatique, il est facile de se perdre dans les suppositions toutes aussi farfelues les unes que les autres.

Alofa, toujours cachée dans les quenouilles, aperçut que les villageois abandonnèrent leur recherches et rentrèrent bredouilles. Quelques-uns juraient, alors que d’autres promirent de faire la peau à ce monstre.

- Je vais pas pouvoir rester plus longtemps ici, en tout cas. Et en plus, l’endroit est coupé du reste du monde, se dit la féline s’est acharnée à rester cachée toute sa vie après être apparue comme ça, sans raison, sur la Terre des Éléments.

Quand elle s’est réveillée, la première fois, son corps était parcouru de blessures multiples, tout comme devait l’être celui d’Ace. Cependant, elle a mis plusieurs mois à récupérer et à présent qu’elle est en pleine forme, elle voyage souvent pour trouver des informations sur l’endroit où elle se trouvait et ses différences avec les gens du coin. Le problème, c’est qu’en raison de son apparence, tous les gens s’enfuyaient en la voyant. Ceci dit, il devenait difficile d’incruster les villages, surtout avec cette rumeur qu’une Ombre parcourait la Terre des Éléments, ce qui avait pour effet d’alarmer les gens et de les mettre aux aguets.

D’ailleurs, Alofa n’arrivait pas à se décider de quitter le « pays d’Adurnahme », ce territoire dans lequel la féline supposa qu’elle se trouvait. Apparemment, les terres du sud étaient plutôt arides et les terres de l’est étaient très glaciales. Alofa gardait également une pointe de superstition, elle qui avait relativement peur d’aller dans l’inconnu toute seule.

Cependant, elle avait entendu une autre rumeur intéressante. Un bateau allait accoster à l’embouchure du Rift, à une ville éponyme, Rift Valley. Apparemment, le capitaine, un certain Mandrake D. Feinster, n’avait peur de rien et était prêt à se lancer dans n’importe quelle sorte de périple, dangereux ou pas. Apparemment, il ne connaissait pas la peur, et visiblement, il n’avait pas peur non plus des reproches et des moqueries de tout genre, qui remettaient en question sa santé mentale. Mais bon, pour Alofa, ça valait le coup d’aller voir. Après avoir dormi un coup, elle sauta à l’eau et se mit à nager vers Rift Valley, chose qu’elle faisait avec aisance et grâce. Grâce aux petites palmes entre ses doigts,  elle était aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau.

La féline bleutée se rendit assez rapidement au quai de la forteresse du Rift. Un seul bateau y était accosté, probablement celui du capitaine Feinster. Sur la coque, on pouvait lire : The Colours Hurricane. Curieusement, il n’y avait personne sur le quai. Ne ressentant aucune présence, Alofa sortit de l’eau et grimpa sur le quai, et s’apprêtait à explorer les lieux, quand tout à coup, trois jeunes hommes apparurent dans la grande porte qui constituait le seul accès à la ville. Alofa, prise par surprise, sauta immédiatement sur le pont du Colours Hurricane, qui était tout près, et se cacha derrière des tonneaux pour observer les trois inconnus qui venaient d’apparaître.

Ils étaient relativement jeunes, environ 17 ans. Cependant, deux d’entre eux avaient l’air complètement effrayés, alors que celui du milieu arborait un air plutôt déterminé. Ce dernier était un jeune adulte qui avait une longue chevelure noire attachée en queue de cheval, des yeux verts pétillants et avait un accoutrement bizarre qui devait sans doute être celui d’un marin. De toute évidence, ces trois jeunes gens n’avaient pas remarqué la présence d’Alofa, le jeune homme à la tignasse noire occupé à rassurer ses deux autres compagnons. Alofa tendit l’oreille :

- Putain, ça se peut pas, c’est impossible, pas un foutu chat dans cette cité. Y’a peut-être un autre monstre qui est apparu et qui a bouffé tous les habitants… dit un des hommes terrifiés.

- Si ça se trouve, y’a peut-être eu une attaque de rippers et tout le monde a disparu… merdemerdemerde y’a peut-être encore de ces saletés dans le coin ! Feinster, il faut partir d’ici tout de suite, renchérit le deuxième qui regardait partout en croyant que le diable en personne allait apparaitre d’une minute à l’autre.

- Calmez-vous, calmez-vous, que diable ! rétorqua Feinster. On va trouver une solution à ce merdier. Ne sentez-vous pas ce parfum d’aventure qui nous enveloppe ? Trouver ce qui a causé la disparition de ces habitants ne vous emballe pas, vous ?

Alofa eu un petit rire en apprenant que ce jeune garçon était vraiment le capitaine Feinster. Elle s’attendait surtout à un grand homme costaud expérimenté, mais dans le cas de Feinster, c’était plutôt le contraire. Cependant, on ne semblait pas avoir menti sur son caractère : le capitaine n’était pas effrayé comme ses deux autres compatriotes et semblait confiant malgré le malheur qui s’était visiblement abattu dans la forteresse de Rift Valley. Pouvait-elle faire confiance à ce jeune homme ? Après tout, elle n’avait rien à perdre. Les trois jeunes hommes étaient sans défense et si la situation tournait mal, Alofa n’avait qu’à se jeter à l’eau et s’enfuir par la mer, ce qui était relativement facile.

Alofa sortit de sa cachette et se dressa sur le pont, sa chevelure bleutée flottant dans la petite brise qui soufflait dans le détroit du Rift.

Les deux garçons terrifiés eurent un mouvement de recul et se couvrirent la tête de leur main. Par contre, les yeux de Feinster s’agrandirent, laissant place à de la stupeur. Puis soudain, le visage du capitaine passa à l’émerveillement. Il semblait jubiler carrément.

- Regardez ! Je vous l’avais dit qu’on en verrait de ces créatures ! Enfin ! J’aurai eu la chance d’en voir une dans ma vie ! Venez, Kyu et Starrk !

Les deux jeunes hommes dénommés Kyu et Starrk s’apaisèrent légèrement, enlevèrent leurs mains de leur tête et suivirent leur chef qui s’approcha un peu de la féline.

- Ouah, c’est comme j’en avais entendu parler dans les légendes… un être à la fois animal et humain... ah, c’est trop beau pour être vrai… dit Feinster, presque avec les larmes aux yeux. Est-ce que tu peux parler ? As-tu un nom ?

- Oui, je m’appelle Alofa et j’aurais besoin de votre aide, capitaine.

Feinster paru sur le point de fondre en larmes de joie.

- Oh la vache, elle parle, elle a déjà entendu parler de moi et de plus, elle demande mon aide ! C’est trop beau pour être vrai.

- Je ne suis pas une vache, moi !

- Ah non mais non, bien sûr, c’est seulement du jargon, répliqua Feinster en éclatant de rire. Tout dépend de ce que tu me demandes. Je crois que tu as sans doute remarqué qu’il n’y plus aucune âme qui vive à Rift Valley, donc nous avions l’intention de partir vers Misthrala à la quête d’informations.

- …C’est justement par-là que je voulais aller ! Moi aussi je cherche des informations, mentit Alofa.

Cependant, il y avait un fond de vérité car elle cherchait plus précisément à en connaître davantage sur le monde qui l’entourait. Pour cela, la chance lui sourit et elle profitait de l’émerveillement du capitaine Feinster. Elle se sentit mal par contre, puisque le jeune garçon s’avérait valeureux et fort sympathique.

Kyu et Starrk étaient plutôt réticents à ce que la féline bleue les accompagne.

- Mais voyons, capitaine, tu ne vas pas embarquer cette… « chose » avec nous ? demanda Kyu

- Si ça se trouve, c’est à cause d’elle que tous les Riftiens ont disparus, renchérit Starrk.

- VOS GUEULES, BANDE DE POULPES DES BALTIQUES !! Vous croyez vraiment que cette jolie demoiselle vous veut du mal ? Si elle avait vraiment voulu nous attaquer, elle l’aurait sûrement fait depuis le début ! Allez, on l’embarque, et pas de rouspétage. Cap sur Misthrala à 4 heures ! Levez l’ancre !

Le bateau n’était pas aussi grand qu’Alofa le pensait. Il s’agissait d’un voilier qui faisait une vingtaine de mètres de longueur. De plus, Feinster, Kyu et Starrk semblaient former le seul équipage du Colours Hurricane. Le bateau semblait tout de même approprié pour les grands voyages et les aventures. Il était à l’image de son capitaine : fier et sans crainte de le peur.

Les deux matelots obéirent en rouspétant. L’ancre fut levée et la grande voile fut hissée. La brise gonfla cette voile et le bateau pris le cap vers le delta du Rift, vers Misthrala, dans le pays de la lumière.

Alofa se sentait plutôt heureuse en compagnie de ces trois personnages. Pour la première fois de sa vie, des humains n’étaient pas en train de la persécuter ou de la chasser. La féline se doutait bien que les humains n’étaient pas si bêtes que ça, après tout ! Elle sourit en pensant à ce qui l’attendrait à l’intérieur des terres, elle qui avait vécu la plupart du temps près d’un endroit ouvert comme la mer.

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Lieu : Skive, capitale du pays du vent

Narrateur : Ethan

Une brise bienveillante soufflait dans la capitale. Elle respirait le calme, la sérénité, le bonheur de vivre. Du moins, c’est ce que je ressentais. C’était tellement doux et vivifiant, que je ne pourrais jamais m’en lasser. En même temps… on pourrait dire que je suis né pour ça.

J’ai jamais été comme les autres. En fait, j’ai jamais su qui j’étais réellement, après m’être éveillé pour la première fois, il y a un an de cela. Le seul souvenir que j’ai pu puiser de ma mémoire, c’était que je m’appelais Ethan. Pourquoi ? Je n’en savais fichtre rien, mais c’était comme ça. C’était ce que j’avais raconté aux gens qui m’ont recueilli quand j’ai repris connaissance. J’étais vraiment amoché ce jour-là, je m’en rappelle comme si c’était hier. Ces braves gens ne croyaient pas à ma survie, mais bon, comme on peut le voir maintenant, je suis en parfaite forme.

Je ne ressemblais à personne d’autre à Skive, de toute évidence. J’étais recouvert d’une espèce de fourrure grise et la plupart des gens qui me voyaient trouvaient que j’avais plutôt l’apparence d’un renard avec mes grandes oreilles pointues et ma queue touffue. Ouais… je savais pas trop si je devais prendre ça comme un compliment ou pas, mais bon. Les habitants de ce pays sont vraiment sympathiques. Personne n’a eu de préjugés sur mon apparence et j’ai été accueilli à bras ouverts dans la guilde des chevaliers aériens du vent.

Ça peut sembler expéditif, mais ouais. On a tout de suite voulu tester mes capacités physiques et on s’est rapidement rendu compte que j’avais une force, une agilité, et une vitesse bien supérieure à la moyenne. Et je m’en plains pas trop, personnellement. On dirait que je suis issu même de l’essence du vent. Je suis capable de détecter les variations de pression et de mouvement d’air, ce qui, aux dires des autres, me rend redoutablement agile.

Y’a un autre truc qui intéressait beaucoup les gens du coin. C’était mes marques sur chacun de mes bras. Elles avaient la forme de trois barres obliques. Il parait qu’il s’agissait du symbole du vent, donc que ce serait un signe. Mais cette idée ne me plait pas trop, parce que ça va attirer encore plus de gens. Ils ont beau être sympas, mais je préfère de loin la solitude, pour pouvoir profiter par exemple de la brise qui soufflait sur la capitale.

Le job qu’on m’avait attribué me permettait heureusement d’en profiter. Je devais protéger surtout les bords de la ville. En effet, Skive avait été construite sur une énorme protubérance en pierre, mais carrément plate sur le dessus. C’était comme une montagne à laquelle on aurait coupé le sommet d’un seul coup de couteau. La ville était donc carrément imprenable par une armée terrestre. Le seul moyen d’y pénétrer, c’est par un chemin entortillé autour de la montagne, taillé dans le roc, qui descend jusqu’à la terre désertique balayée par les vents venant de l’ouest.

On pouvait également s’y rendre via parapente. Il s’agissait d’un système très astucieux qui qui utilisait les courants d’air permanents qui soufflaient sur la terre. Il n’avait pas besoin de moteur pour se déplacer, seulement de la force du vent pour rester dans les airs. Mais j’avais pas besoin de ça pour me déplacer dans les airs. J’avais aussi le don de contrôler le vent, et ça, je l’ai découvert bien plus tard. Je me demandais surtout :

Pourquoi chacune de mes mains avait un trou d’un pouce de diamètre en plein milieu ?

Car enfin, j’étais bien le seul qui en avait. Ce n’est que plus tard que j’ai compris leur utilité. Mes mains spéciales me permettaient de canaliser les flux de vent soit en les amplifiant, soit en les atténuant. En d’autres mots, je pouvais vraiment manipuler l’air. Grâce à ce pouvoir, je pouvais rester en lévitation dans les airs et me déplacer aisément par la voie des airs. Bref.

Il y a des gens qui croient que je suis comme une sorte de dieu du vent. Mais je suis rien de ça, j’en suis persuadé. Il doit bien y avoir une raison qui expliquerait pourquoi je suis aussi différent. Je dois bien avoir un rôle dans ce monde dans lequel je suis arrivé comme un cheveu sur la soupe. Je suis Ethan, mais Ethan qui ? J’en sais rien, vraiment. Pour cela, il faudrait que je fasse mon propre chemin et quitter Skive pour partir sur la Terre à la recherche d’indices. Mais je sais pas par où commencer, donc je reste ici… Ah et puis merde.

Je crois que je vais partir vers le sud plus tard. Le vent que je ressens habituellement provient de la mer, carrément à l’ouest, mais ces derniers temps, il provenait du sud. Et de plus, à ce qu’il parait, il y avait eu une énorme pagaille du côté de Sykora, en région sylvestre, comme quoi il y aurait eu une Ombre qui aurait incendié un pan de forêt entier. Bon, c’est pas naturel et ça sent le danger à plein nez, mais cela m’intriguait, parce que je ressentais beaucoup de vibrations dans le vent.

Ouais, c’est ce que je vais faire demain. Après tout, ça servira peut-être d’excuse pour voir du pays ! …